- VICTOR-EMMANUEL III
- VICTOR-EMMANUEL IIIVICTOR-EMMANUEL III (1869-1947) roi d’Italie (1900-1946) empereur d’Éthiopie (1936-1943) et roi d’Albanie (1939-1943)Troisième souverain de la monarchie unitaire. Le règne de Victor-Emmanuel sera le plus long, le plus chargé d’événements dramatique de l’Italie contemporaine. Son père Humbert Ier, autoritaire et porté au gouvernement personnel, sa mère Marguerite de Savoie, ambitieuse et cultivée, aggravent le complexe d’infériorité qui lui vient de son physique ingrat et de sa petite taille. En 1896, il épouse Hélène Petrovitch-Niegoch, fille du prince Nicolas de Monténégro, qui lui donne cinq enfants. De goûts simples, esprit sans grande envergure, mais instruit et doté de bon sens, Victor-Emmanuel III est un caractère très fermé, avec un fond de scepticisme et de froideur.Son règne se divise en trois périodes. De son avènement (juill. 1900, au lendemain de l’assassinat de son père) à la fin de la Première Guerre mondiale, il respecte la pratique constitutionnelle de non-ingérence dans le gouvernement intérieur, mais il intervient dans les questions militaires et la politique étrangère. Il laisse se développer l’action de Giolitti, et son ouverture aux problèmes économiques et sociaux lui vaut l’appellation de roi socialiste. Fort peu germanophile, il est sensible aux revendications irrédentistes et à la tradition risorgimentale d’accord avec la France, tandis que ses alliances de famille le portent vers la Russie. Aussi n’est-il pas étranger au désengagement relatif de l’Italie vis-à-vis de la Triplice et du rapprochement avec Paris et Londres. En 1915, il prend, avec Salandra et Sonnino, la décision de l’intervention italienne au côté de l’Entente.La deuxième phase commence en 1922, avec la crise de l’État libéral et la montée du fascisme. Les responsabilités de Victor-Emmanuel III dans l’avènement de la dictature sont évidentes. Les mobiles en sont complexes: défiance envers les hommes politiques et les partis; crainte de se voir écarté au profit de son cousin, le duc Emmanuel-Philibert d’Aoste, populaire chef de guerre; doutes sur l’attitude de l’armée et de l’administration, en grande partie ralliées à Mussolini. Aussi, en octobre 1922, il entérine la «marche sur Rome» en chargeant Mussolini de former le gouvernement. En 1924, il refuse de prendre connaissance des preuves de la responsabilité des fascistes dans l’assassinat de Matteotti. De 1922 à 1943, Victor-Emmanuel III est prisonnier de la dictature, dont il ne pourrait se délivrer que par un coup d’État. Une sorte de dyarchie s’instaure entre le roi et le Duce. Le souverain consent aux réformes qui vident progressivement la Constitution de 1848 de son contenu. Il obtient, en échange, la tranquillité intérieure, la liquidation de la «question romaine» par la conciliation avec le Saint-Siège (1929) et le succès de prestige de la guerre d’Afrique, qui lui permet de ceindre la couronne d’empereur d’Éthiopie le 9 mai 1936. Victor-Emmanuel III manifeste parfois, en privé, son irritation contre les empiétements du dictateur sur les prérogatives royales, mais il rend aussi hommage aux qualités d’homme d’État du Duce. À la différence de son attitude lors du premier conflit mondial, il assiste passivement à la marche à la guerre et à la subordination de l’Italie à Hitler et il cède même à Mussolini le commandement suprême. Dès la fin de 1942, il se rend compte que la guerre prend un tournant décisif en faveur des Alliés et il songe à désengager l’Italie d’une alliance compromettante. Mais ses moyens d’action sont limités et il hésite à écouter les exhortations des libéraux et des antifascistes à éliminer Mussolini. Le vote de défiance du Grand Conseil fasciste, le 24 juillet 1943, lui fournit le prétexte légal de destituer le Duce et de le faire arrêter.La troisième partie du règne de Victor-Emmanuel III est marquée par la double tentative d’arrêter les hostilités et de sauver son trône. Il charge le maréchal Badoglio de former un cabinet de techniciens, mais il ne songe pas à condamner le fascisme et à rompre totalement avec lui. Son abdication immédiate eût sans doute sauvé la dynastie, mais il demeure en place, s’illusionnant sur la possibilité du maintien des institutions fascistes au lendemain de la guerre. Hitler refuse de le rencontrer et les Anglo-Américains exigent une capitulation sans conditions. À l’annonce de l’armistice, les Allemands occupent Rome, contraignant Badoglio et le roi à se réfugier à Brindisi (1943). Dans l’Italie coupée en deux, les Alliés, et surtout Churchill, maintiennent la monarchie méridionale, car ils ont besoin d’un régime qui assure la continuité d’un État italien, traité en vaincu. Les hommes politiques, comme Benedetto Croce, mettent comme préalable à leur entrée dans un gouvernement Badoglio élargi le départ de Victor-Emmanuel III, qui refuse d’abdiquer en faveur de son petit-fils. La situation semble bloquée lorsque le retour d’U.R.S.S. du leader communiste Togliatti provoque un revirement: afin d’alléger l’effort de guerre soviétique, il se déclare prêt à accepter la monarchie si la priorité est donnée à la lutte contre Hitler. Les Alliés acceptent l’extension du second cabinet Badoglio, par l’inclusion d’éléments antifascistes. Pour régler la question institutionnelle, un compromis est trouvé par Enrico De Nicola. Victor-Emmanuel III annonce son intention de se retirer et de confier à son fils la lieutenance générale du royaume, le jour où Rome sera libérée. Après l’entrée des Anglo-Américains dans la capitale, le roi signe, à Ravello, la passation des pouvoirs au prince Humbert. Dans l’espoir d’influencer favorablement le résultat du référendum qui doit décider du sort de la monarchie, Victor-Emmanuel III abdique, le 9 mai 1946. Mais le référendum du 2 juin sanctionne par une majorité de 54 p. 100 la victoire de la République. Le vieux souverain meurt en exil, à Alexandrie.Victor-Emmanuel III(1869 - 1947) roi d'Italie (1900-1946). En 1922, il confia le pouvoir à Mussolini. Il reçut les titres d'empereur d'éthiopie (1936) et de roi d'Albanie (1939). Après les revers de l'Italie, alliée de l'Allemagne de 1940 à 1943, il fit arrêter Mussolini (juil. 1943). Il remit ses pouvoirs à son fils Humbert en juin 1944 et abdiqua en sa faveur (9 mai 1946), mais la république fut proclamée (juin 1946).
Encyclopédie Universelle. 2012.